Intervention à la région de Christophe Dumont sur le budget agricole.

Monsieur le Président, mes chers collègues, 

On évoque beaucoup dans ce budget compétitivité, digitalisation, bio économie,  chimie verte, robots, intelligence artificielle, agriculture de précision, mais on parle finalement assez peu de nourrir les 5 millions et demi d’habitants de notre région. 

Cette ferme du futur, cette agriculture 4.0 que vous appelez de vos vœux, Monsieur le Président, loin de marquer une nécessaire transition, n’opère qu’ un changement à la marge  de notre système agricole, ajoutant une dépendance technologique à toutes celles que nos paysans subissent déjà. 

En bref, comme me le disait récemment un ami paysan, « on bouche les trous sur le mauvais chemin »

 Il faudrait d’ailleurs une bonne dose d’hypocrisie pour prétendre renouveler les générations en agriculture en continuant à développer ce modèle industriel qui supprime les emplois. 

Les chiffres du recensement agricole viennent de paraître : 1/3 des éleveurs du Grand Est ont disparu en 10 ans, et en 50 ans ce sont les 2/3 de nos fermes qui ont été rayées de la carte.

 En 10 ans dans notre région, la taille moyenne des exploitations s’accroît de 20%, à 117 hectares si l’on exclut la viticulture. 

Avec la moitié des agriculteurs en âge de partir à la retraite à court terme, le Renouvellement des Générations en agriculture est effectivement un enjeu primordial, mais comment installer massivement quand au départ d’un cédant l’essentiel des terres va à ses voisins poussés à s’agrandir pour rembourser leurs emprunts ?

 La nouvelle politique agricole commune n’arrange rien, s'entêtant à rechercher une illusoire compétitivité de nos fermes. Agriculture bio et certification haute valeur environnementale y sont logées à la même enseigne alors que les exigences HVE sont bien moindres.

 En Grand Est, le CESER dans son avis sur ce budget nous alerte en émettant des réserves sur cette troisième voie en agriculture qui consiste à créer de nouveaux labels très peu exigeants qui, je cite le CESER, « pourraient compromettre l’atteinte des objectifs affichés pour le développement de l’agriculture bio. » 

Car il y a un terrible paradoxe à diminuer les aides à la bio à mesure qu’on lui fixe des objectifs toujours plus importants à atteindre. 

Le fait pour la région de financer la certification viticulture durable alors qu’elle ne finance plus la certification bio apparaît à ce titre, Monsieur le Président, comme une véritable provocation.

 En 10 ans le nombre des fermes en bio a triplé et pourtant dans le même temps on a supprimé les aides au maintien en agriculture biologique, supprimé donc les aides à la certification et vous avez, Monsieur le Président, plafonné en décembre 2020 les aides à la conversion, à tel point que les conversions progressent moins vite pour la campagne actuelle.

 Les écologistes vous feront des propositions lors de ce budget pour consacrer à la bio les crédits qu’elle mérite tant les aménités de ce système pour nos territoires sont reconnues en termes de santé, d’environnement mais aussi en termes d’emploi.

 Plus généralement Monsieur le Président, nous ferons durant tout ce mandat des propositions en faveur d’une agriculture ouverte sur la société, ancrée sur son territoire, qui procure une nourriture saine aux habitants du Grand Est grâce à des paysans nombreux et bien rémunérés, c’est comme cela, Monsieur le Président, que les écologistes envisagent la ferme du futur.