Répression policière et garde à vue suite à une manifestation de la Confédération Paysanne

COMMUNIQUE DE PRESSE -

Jeudi 5 décembre, à l’appel de la Confédération Paysanne, 200 paysans manifestaient devant le Grand Palais à Paris, où se tenait une réunion de grands acteurs européens du commerce des céréales. Les paysans étaient venus manifester pacifiquement et mener une action coup de poing, pour dénoncer les conditions de travail et de rémunération des agriculteurs et pour protester, entre autres, contre les traités de libre-échange.

L’idée était de perturber l’ouverture de la réunion, alors qu’en parallèle, se tenait le sommet du MERCOSUR

Laurence MARANDOLA, porte-parole de la Confédération Paysanne, y a dénoncé « la spéculation sur les produits agricoles » en expliquant qu’à l’intérieur du Grand Palais il y avait « des gars en costard-cravate, qui se gavent sur le dos des paysans ». Notamment, certains dirigeants syndicaux comme Arnaud Rousseau, à la fois président de la FNSEA et président du groupe Avril.

Les manifestants de la Confédération Paysanne ont été brutalement réprimés par des policiers, soutenus par la Brigade de Répression de l’Action Violente Motorisée (BRAV-M) créée suite au mouvement des gilets jaune. Dix paysans ont été blessés, cinq ont été placés en garde à vue, dont Jonathan Bouton, maraîcher à Val de Vesle dans la Marne. Trois ont été relâchés vendredi 6 décembre, dont ce dernier. Les deux autres sont jugés en comparution immédiate le samedi 7 décembre.

Nous dénonçons vivement le deux poids deux mesures dans le traitement des manifestants.

Pour rappel, depuis plusieurs semaines, les agriculteurs de toutes étiquettes syndicales manifestent pour des revendications légitimes, pour avoir des revenus dignes.

C’est pourtant sans être inquiétés par les forces de l’ordre, que les manifestants de la Coordination Rurale ont mené des intrusions dans les locaux de l’Office Français de la Biodiversité à Guéret, répandu des déchets à l’intérieur et saccagé des piles de dossiers, déposé du lisier devant la mairie de Pessac ou bloqué le port de commerce de Bordeaux. C’est aussi sans être inquiétés par les forces de l’ordre, que les manifestants de la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont élevé un mur de parpaings devant le siège de l’institut de recherche de l’INRAE, qu’ils ont déposé du fumier devant les permanences parlementaires de députés ayant voté la censure du gouvernement Barnier, comme Delphine BATHO, Manon MEUNIER, Damien MAUDET, Benoît BITEAU. Ces derniers contribuent pourtant largement par leurs engagements politiques ou personnels au développement de méthodes agricoles plus respectueuses de l’environnement, mais aussi plus rémunératrices pour les paysans.

Qui défend vraiment l’avenir de l’exception agriculturelle française et le revenu digne pour les paysan-ne-s ? Qui exploite la détresse des paysan.ne.s pour les enliser dans un modèle qui ne leur est pas favorable ?

Localement, les députés Marnais, Laure MILLER et Xavier ALBERTINI, étaient dans l’illusion de contribuer à l’amélioration de la condition des agriculteurs en échangeant avec les adhérents de la FDSEA de la Marne. Est-il si difficile de réaliser que les mêmes causes produisent les mêmes effets ?
Il faut de la lucidité et du courage pour accepter l’indispensable changement radical, que le dérèglement climatique impose. Pendant ce temps Ursula VON DER LEYEN signait à Montevideo en Uruguay l’accord UE-MERCOSUR. Emmanuel Macron faisait mine de s’insurger, comme la FNSEA.

Mais comment peut-on croire le Président Français le plus favorable aux politiques libérales, qui a déjà signé des accords de libre-échange mortifères ? Comment peut-on croire Arnaud ROUSSEAU qui dirige le groupe AVRIL, l'un des principaux exportateurs de produits agricoles transformés (huiles, biodiesel, protéines végétales), dont la stratégie repose sur des échanges commerciaux mondialisés ?

Nous devons réagir

L’agriculture, a fortiori, la paysannerie française est en danger. Avec elle, notre souveraineté alimentaire, la qualité de notre agriculture. La destruction de la filière agricole, avec la volonté d’aller vers des modèles de fermes-usines, est aux antipodes du patriotisme économique, dont nous devons faire preuve pour la sauver.

Nous appelons la population à se mobiliser comme elle le peut, avec les moyens dont elle dispose pour défendre la spécificité agriculturelle française. Celle qui permet de produire une alimentation de qualité !

Nous appelons les paysans et agriculteurs, même ceux et surtout ceux qui ont fait le choix d’être au service d’une agriculture mondialisée par pragmatisme, pour payer les traites qui les étranglent, à prendre position pour défendre les manifestants de la Confédération paysanne !

Nous demandons à ce qu’Emmanuel Macron, seul maître à bord depuis la censure du gouvernement et la démission de Michel Barnier, reçoive les représentants de la Confédération paysanne sans délai, afin de les écouter et de répondre à leurs sollicitations. Leur combat est le nôtre.


Evelyne Bourgoin, porte-parole Les Ecologistes Champagne-Ardenne
Lucie Berweiller, coordinatrice Champagne Ardenne de l'APRèS