Le réseau de chaleur, une fausse bonne idée ?

Le bilan écologique d’une action, d’un aménagement, doit tenir compte de tout le projet, de son début, jusqu’à sa fin. Le cas du réseau de chaleur dont les travaux bloquent nos rues depuis des mois obéit à cette règle, où selon Lavoisier : « Rien ne se perd, tout se transforme ! »

La genèse du réseau avec la fabrication des tuyaux, de l’acier, du polyuréthane, des plastiques divers demande de l’énergie, engendre de la pollution et du CO2, sans compter les transports, les manipulations, les soudures... 

La mise en place du réseau impose le creusement de tranchées de plus de 30 km et entre 6 à 12 mètres cube de déblais par mètre linéaire à transporter, à évacuer et à remplacer par des matériaux nobles qui ne sont pas payés à leur juste valeur (sable, gravier, béton, bitume). Ces déblais (300.000 m3 environ) à entasser où? en décharge ? 

Les remblais ont été extraits du sous-sol, transportés, et remis en place et compactés pour combler les tranchées. L’extraction a détruit des milieux humides indispensables à l’Humain, des prairies humides de fauche. Milieux habités par des aigrettes, des cigognes, des grues, des bergeronnettes... il n’y aura de compensation de ces milieux détruits. En fonctionnement, le réseau est censé «récupérer» la chaleur des fours de la fonderie Stellantis, mais, voilà que cette usine miracle ne produirait que 10 à 20 % de la chaleur des tubes. C’est là que le projet se complique... Il faut mettre en place au moins 2 chaufferies au bois pour assurer 80 % de l’appoint, bousillant une sublime trame verte bien installée au passage lors de la création de la chaufferie du chemin Georges Brassens. Alors, le bois est-il la bonne idée? Quelle est l’offre de notre forêt ardennaise dans un rayon court de 30 km pour limiter le CO2 émis par les transports par camions? De plus ces 2 chaufferies ne sont pas les seules, tout le monde s’y met... 

Avant la révolution française le bois servait à toute les énergies, la forêt française ne représentait plus que 7 millions d’hectares exsangues, plumés par les besoins de l’époque. Le charbon puis le pétrole ont sauvé notre forêt qui atteint en 2024, 15 millions d’hectares mais souvent enrésinés avec de jeunes plantations. Que reste-t-il en feuillu pour les besoins de nos chaufferies? 3 camions x 2 chaufferies x 50 stères x 365 jours soit 109.500 stères / an ou environ 66.000 tonnes de bois... accentuer la récolte par la pratique de la coupe rase, est-ce une solution pour alimenter le réseau? 

Pourrions-nous pratiquer la sobriété énergétique ? 

Au lieu de la fuite en avant ?

Christophe Dumont pour la liste écologiste et citoyenne