LA CUMA DES ORMES

Sonia Meirhaeghe, une femme engagée pour son territoire

En 2018, après une première installation en élevage, Sonia Meirhaeghe reprend la ferme familiale à Feuges dans l’Aube. Dans un département d’agriculture intensive et conventionnelle, elle s’installe en agriculture bio au sein de la CUMA1 des Ormes, dont elle a été l’initiatrice. Femme d’engagement et de conviction, elle devient maire en 2020. Alors présidente du GAB 102, elle déclare en mars 2020 : « La société prend conscience qu’il faut consommer différemment […] ». Prévoyante, elle appelle les agriculteurs bio à acheter leur matériel en commun et à unir leurs forces : « Si nous ne le faisons pas, nous laissons la place à la concurrence mondiale ».

Sous ses deux « casquettes » de maire et présidente  du GAB 10, elle s’investit pleinement pour accompagner les agriculteurs bio ou en conversion. La CUMA étant située sur une nappe phréatique, le bio est ici un enjeu sanitaire essentiel pour le territoire. À l’heure où tant de zones de captage des eaux potables sont polluées,choisir de n’utiliser ni pesticides, ni engrais de synthèse relève du bon sens.

« A plusieurs, on va plus loin ! »

La CUMA des Ormes comprend 12 exploitations qui mutualisent tout : matériel, bâtiments, assolements3 et personnel, jusqu’à la commercialisation. Au total ce sont 1200 hectares cultivés de céréales, betteraves sucrières, chanvre, luzerne, légumes de plein champ, plantes aromatiques et depuis peu médicinales avec l’accompagnement du CIVAM4 de l’Oasis . La structure en CUMA dite intégrale et la diversification des cultures permettent de mieux maîtriser les coûts ; travailler et décider en équipe amène à profiter de compétences multiples ; la prise de risque liée à l’innovation est mutualisée. À plusieurs on va plus loin !

Le travail en coopération fait ses preuves. Nous appelons à encourager la mutualisation qui est bonne pour les finances et l’environnement.

Prendre soin des femmes et des hommes de la terre

La CUMA emploie deux salariés en CDI et une dizaine de saisonniers, fidèles d’année en année. Elle veille au quotidien sur leurs conditions de travail ; elle a notamment acquis un minibus pour leur transport et un lit de désherbage qui évite les douleurs et prévient les TMS5. En outre, elle accorde une importance particulière à la formation. Veiller au maintien de paysan·nes dans nos campagnes c’est aussi veiller à l’attractivité des métiers salariés de l’agriculture.

Récompensée par le prix du CESER6 Grand Est !


En 2022, avec Benoit BITEAU, alors député européen, nous étions une dizaine de militant·es écologistes de l’Aube et de la Marne à découvrir la CUMA des Ormes. Nous avions été enthousiasmé·e·s et conquis par la démarche et les perspectives décrites par Sonia Meirhaeghe.

En 2024, c’est le Jury des Prix des Solidarités Rurales du CESER qui récompense doublement la CUMA des Ormes pour ses efforts en matière d’innovation, d’environnement, d’emploi, de solidarité, d’insertion sociale et d’économie : exemplaire et inspirante, elle coche toutes les cases. Le changement de pratiques
est indispensable ; ce sont de telles initiatives qui indiquent le chemin !

1 CUMA : Coopérative d’Utilisation de Matériel Agricole.
2 Groupement des Agriculteurs Biologiques de l’Aube
3 Assolement : procédé de culture par succession et alternance visant à préserver la fertilité d’une parcelle.
4 Centre d’Initiative pour Valoriser l’Agriculture et le Milieu rural
5 TMS : Troubles Musculo-Squelettiques
6 CESER : Conseil Economique Social et Environnemental de la Région

Evelyne Bourgoin