DES ARBRES TUEURS EN HAUTE-MARNE ?
Le 10 février dernier, France 3 Grand Est relaie en ligne l’annonce faite par le Conseil Départemental de Haute-Marne d’un « plan massif d’abattage d’arbres le long de ses axes routiers les plus fréquentés ». Plusieurs milliers d’arbres, jugés accidentogènes, seraient ainsi menacés au nom de la sécurité routière. Une coupe nette est même prévue sur la D1 entre Rimoncourt et Nogent, ainsi que plusieurs tronçons sur la D16 et la D119.
« S’il faut couper massivement des arbres pour garantir la sécurité de nos habitants et des usagers de la route, nous n’hésiterons pas, déclare le président du Conseil Départemental Nicolas Lacroix, les arbres qui tuent n’ont plus leur place au bord de nos routes. » Mais cette position va-t-en-guerre semble être l’arbre qui cache la forêt, puisque sont aussi détaillées dans le projet d’autres raisons d’élimination : maladie, gêne pour l’alignement des routes, soulèvement du bitume…
Le groupe Europe Écologie Les Verts de Champagne-Ardenne, qui rappelle solennellement le rôle primordial des arbres dans le stockage du CO2 et la protection de la biodiversité, adresse à cet « amoureux des arbres » (sic) quelques propositions dont il ferait bien de s’inspirer.
La première est sans nul doute la mise en place d’une campagne de prévention contre la conduite en état d’ivresse et sous stupéfiant. La présidente de l’ASPPAR rappelle qu’un accident est toujours multifactoriel (alcoolémie, défaut du véhicule, conditions météorologiques, endormissement, vitesse excessive…)
La seconde consiste en une adaptation optimale de la vitesse, selon les dangers rencontrés (rappelons que le président du CD de la Haute-Marne fut l'un des premiers à revenir sur la limitation à 80 kms/heure en autorisant les véhicules à rouler à 90 kms/heure !). A ceci doit s’ajouter une politique de signalisation des arbres remarquables. En effet, ces plantations historiques, vieilles parfois de plusieurs siècles, font désormais partie intégrante de notre patrimoine vivant. En 1970, Georges Pompidou n’appelait-il pas déjà à « sauvegarder tous les arbres plantés en bord de route » ? Au lieu de détruire ces alignements exceptionnels, notre génération doit au contraire les préserver et les mettre en valeur.
Nous exigeons par ailleurs de vraies mesures de compensation : d’une part le peuplement d’au moins cinq arbres d’espèces différentes et d’une haie continue pour chaque arbre abattu et d’autre part le déplacement d’au moins 5 mètres des arbres considérés comme « gênants », quitte à exproprier exceptionnellement le propriétaire riverain, afin de pouvoir les replanter en l’état. Évidemment, ces opérations ne pourront être menées qu’en étroite coopération avec les associations locales de défense de la nature.
La mise en place de ces mesures doit s’accompagner d’un vrai travail sur la mobilité et les déplacements collectifs en zone rurale, à l’exemple de ce qui se pratique déjà en région Bourgogne.
Bien déterminés à soutenir la cause des arbres, nous enjoignons vivement le Conseil Départemental de Haute-Marne à réfléchir à deux fois avant de s’engager dans ce massacre à la tronçonneuse…
Evelyne Bourgoin et Christophe Dumont pour Le groupe Les Écologistes Champagne-Ardenne