Conseil Communautaire du Grand Reims du 30 Juin 2022- Stratégie Bas Carbone- Intervention de Léo Tyburce
Projet de stratégie bas carbone valant Plan Climat Air Énergie Territorial Approbation et saisine du Préfet, de la Région et de la MRAe
Madame la Présidente, Mesdames Messieurs les élus,
C’est sans nul doute un dossier extrêmement important car nous voyons chaque jour les effets du dérèglement climatique.
C’est un sujet de santé publique, mais aussi social et économique autant qu’environnemental, si l’on considère l’exposition de notre population, notamment les personnes âgées et les enfants à des phénomènes de plus en plus extrêmes (épisodes de chaleurs, pics de pollution amenés à se mutlpliter etc.). Mais aussi toute notre économie agricole et viticole, qui connaîtra des bouleversement majeurs qui ont pointé aujourd’hui, et vont demander des efforts d’adaptation considérables dans le futur.
Je remercie tout d’abord les services, les acteurs qui ont contribué, les élus qui ont participé à ces travaux. Le diagnostic est de bonne tenue.
Un regret toutefois, que j’ai déjà souligné lors de nos différents travaux : ne pas avoir pu intégrer ce qu’on appelle communément les “émissions indirectes”. Exemple sur l’agriculture, on nous explique qu’elle représente 7% des émissions du territoire, principalement du fait de l'épandage d’engrais azotés, sans toutefois pouvoir nous dire combien pèse la fabrication des ces intrants. Grenoble, dans son PCAET, y intègre les émissions indirectes dans les calculs. C’est au final ce qui pèse le plus lourd, car à quoi bon chercher à être vertueux si on importe et l’on consomme des produits qui ne le sont pas.
Ceci étant dit, suite à ce travail technique intéressant, je me penche sur les objectifs politiques qui nous sont proposés aujourd’hui.
Premier point qui doit guider notre jugement : Quel retard avons-nous pris ! Que d’occasions ratées !
Alors que la France réduisait de 20% ses émissions de GES sur la période 1990-2019, le Grand Reims lui augmentait de 5%.
Et que dire de la politique de la Ville de Reims et de notre Communauté Urbaine qui, à l’occasion de leurs grands travaux, a raté la végétalisation de la Ville, abattu des arbres sains, a renforcé la minéralisation de ses places et Basilique, fait exploser le PLH sans qu’aucun cahier des charges auprès des promoteurs ne soit établi pour encourager la réduction thermique, le photovoltaïque, l’innovation écologique.
Aujourd’hui, avec ce retard, prendre le temps de concerter, de former les acteurs, de créer une dynamique amène une proposition de réduire de 2,5% par an sur la période de 2019-2025 et de 3% par an sur 2026-2030 pour espérer atteindre moins 77% en 2050. Il faut bien comprendre que cela n’est pas à la hauteur des enjeux, car plus l’on repousse, plus les objectifs deviennent inatteignables.
Rappelons pour mémoire que l’Union européenne a fixé pour 2030 la réduction à 55% des GES depuis 1990. Au rythme du Grand Reims, nous en serons à moins 22%.
Et c’est donc là, le problème fondamental de votre approche, madame la Présidente. Vous remettez à plus tard ce que nous devons faire aujourd’hui. Vous le faîtes porter aux générations futures, alors que le dernier rapport du GIEC, toujours plus alarmiste, nous enjoint à agir immédiatement.
Madame la présidente, vous préférez fixer des objectifs ambitieux mais lointains (2050) et abaisser le niveau d’ambition à court terme de manière à ne pas être tenue pour responsable de l’échec annoncé de votre politique !
En conclusion, toutes les institutions, de l'Europe aux Etats-membres en passant par les collectivités, sont en train de réviser à la hausse leurs ambitions, conscientes que l’action doit être immédiate et massive. Pas après 2030. Je vous demande de faire de même. Je m’abstiendrais sur ce dossier, dans l’espoir que les choses puissent évoluer plus positivement d’ici l’approbation du plan d’action.