Apres la surveillance algorithmique, la reconnaissance faciale ?

Le conseil municipal a décidé en septembre d’implanter 16 nouvelles caméras de surveillance ,d’acquérir des lanceurs de balles de défense et de créer 5 nouveaux postes de policiers alors que les effectifs municipaux diminuent chaque année de manière drastique.
Non seulement la vidéosurveillance s’étend mais elle se perfectionne, la ville a ainsi fait l’acquisition il y a quelques mois d’un logiciel de surveillance algorithmique, couplant ainsi l’intelligence artificielle et la vidéosurveillance.
L’entreprise choisie, est une entreprise basée à Metz, fondée par d’ anciens traders de Londres.
Elle propose plusieurs services de vidéosurveillance automatisée, allant de l’« analyse d’émotions » (afin, selon elle, de « faciliter la gestion de foules », que ce soit dans les stades, dans l’espace public»), à la reconnaissance faciale en passant par un dispositif plus général d’ « analyse de flux vidéo équipé d’IA », pour édicter « des règles statistiques permettant de prévoir le comportement et d’optimiser la communication » et d’indiquer « de manière anonyme le genre et l’âge, et permet de voir les objets comme un sac abandonné ».
L’entreprise s’est fait connaître en voulant équiper en 2019 les tramways de Nice de dispositifs de reconnaissance d’émotion. Elle a également testé, en janvier 2020, son dispositif de reconnaissance faciale à l’entrée du stade de Metz . Dans le cadre de l’épidémie de Covid19, elle proposa de fournir aux organismes publics sa solution d’analyse de flux vidéo, afin d’alerter, via les caméras de surveillance publique, de tout regroupement, ou de tout non-respect des distances entre deux personnes.
Ces expérimentations coûtent des milliers d’euros aux collectivités. Leur utilité reste pourtant à démontrer. Dans un rapport publié en 2020, la Cour des comptes a jugé qu’« aucune corrélation globale n’a été relevée entre l’existence de dispositifs de vidéoprotection et le niveau de la délinquance commise sur la voie publique, ou encore les taux d’élucidation ».
Le prochain pas à franchir est donc celui de la reconnaissance faciale, et nos ministres démissionnaires, amis politiques du maire, l’ont déjà franchi,
Gérard Darmanin a institué un groupe de travail pour « créer un cadre légal » permettant d’« introduire cette mesure dans notre législation »
Son rival, l’autre ministre démissionnaire, Retailleau, lui emboîte le pas, appelant à son tour une utilisation « très encadrée », en temps réel, dans le cadre des enquêtes judiciaires....
Ces procédés de surveillance n’ont jamais fait, ni au plan national, ni au niveau local, l’objet d’un débat public ; ici, le conseil municipal devait évaluer la politique de surveillance de la ville en septembre et décider éventuellement de l’étendre ; en fait le maire, inversant le calendrier, a retardé l’évaluation à plus tard et avancé l’extension du dispositif, on agit et on réfléchit après... la charrue avant les bœufs
Christophe Dumont
Pour la liste écologiste et citoyenne