Des algorithmes au service de la vidéosurveillance dernière étape avant la reconnaissance faciale ?
Depuis la mi-décembre Charleville-Mézières utilise un logiciel d’analyse des images de videosurveillance produites par les 129 caméras disposées sur son territoire, alors même que Reims y a renoncé après une brève expérience ratée. La vidéosurveillance algorithmique consiste en l’automatisation du travail d’analyse des images de vidéosurveillance grâce à un logiciel, basé sur des algorithmes qui se charge de produire des notifications lorsque qu’il détecte un événement.
Le logiciel peut détecter des « événements anormaux » qui sont en réalité des comportements anodins tels que des rassemblements ou le fait d’être statiques, mais aussi suivre le parcours d’une personne ou lire des plaques d’immatriculation. Elle permet également de faire du contrôle routier et de mettre des amendes à ceux qui ne paient pas leur stationnement.
Les entreprises qui proposent ces solutions sont tout autant en mesure de faire de la reconnaissance faciale. Officiellement, la plupart d’entre elles affirment ne pas utiliser les caractéristiques biométriques propres au visage car cela les ferait souffrir d’une trop mauvaise publicité, due au rejet massif de la reconnaissance faciale dans la société. Pourtant les promoteurs de la reconnaissance faciale n’auraient plus qu’à expliquer qu’elle est seulement une application particulière de la vidéosurveillance algorithmique pour la faire accepter à son tour, comme un prolongement naturel ou logique.
Ces technologies sont déployées en toute opacité, aucun débat en conseil municipal,encore moins avec la population carolomacérienne, alors qu’elles posent des problèmes importants de libertés publiques et de protection des données. Pour mettre en avant ses bienfaits, les entreprises s’arment d’un discours publicitaire toujours plus valorisant à l’égard de leurs produits en les présentant comme très efficaces pour résoudre tout type de problème. Aux bénéfices « évidents » pour la sécurité et arguent que les refuser serait préjudiciable pour la société. Pourtant l’évidence de ces bénéfices n’est jamais démontrée, ces arguments sont repris sans aucun recul par certains élus. l’adjoint a la sécurité,souhaite se donner une image de modernité en présentant ces expérimentations à la limite de la légalité comme les marques inéluctables du progrès. Même les agents de la police municipale qui ont cessé le travail au moment ou nous écrivons ces lignes sont pointés par la ville comme victimes de leurs habitudes, faisant preuve de résistance au changement. Il faudra pourtant évaluer rapidement ces politiques qui n’ont pas démontré leur efficacité,menacent nos libertés,et qui ont pour principal avantage un bénéfice politique pour le maire et ses adjoints.
Christophe Dumont pour la liste écologiste et citoyenne