Moins de firmes, plus de fermes.
Monsieur le Président, mes chers collègues,
En ce qu’il prolonge et amplifie l’action de la région dans le domaine de la bioéconomie, ce dossier nous pose problème.
La cour des comptes alerte depuis 10 ans a propos de la politique en faveur des agrocarburants qui, poursuivant plusieurs objectifs à la fois, n’en atteint aucun, en ce qui concerne l’indépendance énergétique du pays, il faudrait consacrer l’intégralité des surfaces agricoles cultivées du pays pour remplacer les carburants fossiles !
La politique en faveur des agro-carburants coûte cher à la fois le contribuable et l’automobiliste et ne profite finalement qu’à Sofiproteol, devenu Avril, mais toujours dirigée par le président de la FNSEA.
4 millions d’hectolitres produits en Grand Est à partir de betterave, quand on sait que l’on produit 90 hectolitres d’éthanol par hectare de betteraves et par an, ce sont plus de 44.000 hectares qui sont consacrés à produire de l’essence, un peu moins si l’on considère que les sous-produits vont à l’aliment du bétail. Si l’on ajoute les surfaces de céréales consacrées au même usage il y a donc à l’évidence concurrence entre le réservoir et l’assiette.
Même conflit d’usage pour la forêt, le rapport pointe a juste titre que l’enjeu est de déterminer la place de la chimie dans la hiérarchie des usages du bois bien établie, on ne saurait mieux dire à l’heure ou un récent rapport nous montre que la surexploitation, les maladies et les sécheresses font que la forêt du Grand Est ne joue plus son rôle pour le stockage du carbone… 35 millions au moins en 5 ans pour, je cite :
- organiser un groupe de travail sur les verrous et les incohérences entravant le développement de la chimie du végétal
- identifier et financer les projets innovants et pertinents au milieu du gué
- mener une politique de communication
C’est à la fois cher, flou et pompeux.
La dernière fois que beaucoup d’argent public a été consacré à un projet flou et grandiloquent inspiré par l’agro-industrie, ce projet, mes chers collègues, avait pour nom PLANET A. Il prévoyait un institut, une cité de l’agriculture et un forum, qui comptait faire de Châlons-en-Champagne, je cite, le Davos de l’agriculture. 5,5 millions d’argent public engloutis en quelques années en pure perte, dont 900.000 euros de la Région.
Le présent projet participe selon nous à la dérive de notre politique agricole au profit de l’agro-industrie, une agriculture sans paysans, détournée de sa vocation vivrière.
Aussi les écologistes vous demandent-ils, Monsieur le Président, moins de firmes et plus de fermes.