La déclaration d’utilité publique de Cigéo signée à l’encontre de la transition écologique et de la cohésion des territoires
Cela restera dans l’Histoire comme l’un des premiers actes du Gouvernement Borne.
Un acte lourd de sens. Trois jours après la prise de fonction du Gouvernement, le lendemain même de la déclaration de politique générale, la Première ministre Élisabeth Borne, la ministre de la transition énergétique Agnès Pannier-Runacher et le ministre de la transition écologique et de la cohésion des territoires Christophe Béchu ont signé deux décrets rendant d’ « utilité publique » et d’ « intérêt national » le projet de centre de stockage en couche géologique profonde de déchets radioactifs Cigéo à Bure.
En quelques heures donc, trois ministres ont pris la responsabilité de concrétiser un peu plus ce projet dangereux et démesuré. Pourtant, l’Autorité Environnementale alertait en 2021 sur les manquements de l’étude d’impact de la DUP et sur la dangerosité d’un tel site. Pourtant, plusieurs communes et collectivités meusiennes limitrophes ont émis un avis défavorable et des riverains, des élus, des scientifiques ont exprimé leurs inquiétudes lors de l’enquête publique. Pourtant, les rares réponses apportées par l’ANDRA à ces expressions n’étaient en rien satisfaisantes.
En signant précipitamment ces arrêtés, le Gouvernement poursuit sa fuite en avant nucléaire réaffirmée mercredi à l’Assemblée nationale et rompt déjà avec sa promesse de joindre transition écologique et cohésion des territoires. Le nucléaire est par essence une énergie centralisée, ce qui impose d’énormes contraintes aux territoires concernés, expose la population à des risques inconsidérés et affaiblit le système de production et de distribution de l’électricité, sujet aux défaillances régulières des réacteurs nucléaires. À l’opposé donc d’une transition énergétique cohérente sur les territoires et de la promotion de la sobriété comme solution pour assurer notre dépendance énergétique.
Quelle cohésion des territoires enfin, lorsque que l’État impose précisément sa vision contre ces territoires ? L’Utilité Publique permet d’imposer le projet dans les documents d’urbanisme et surtout d’exproprier les propriétaires fonciers qui n’auraient pas encore cédé aux sirènes de l’ANDRA. Pour boucler la boucle, l’Opération d’Intérêt National permet à l’État de délivrer lui-même les permis de construire sur le périmètre du projet. Juge et partie, l’État et son bras armé l’ANDRA ont désormais les mains libres pour l’aménagement du périmètre. Nous le dénonçons.
Nous, militants, responsables et élus écologistes du Grand Est, apportons notre soutien entier aux propriétaires fonciers directement menacés, aux populations très justement inquiètes et aux élus et militants qui poursuivent leur combat contre ce projet. Dans les faits, le laboratoire de Bure n’a jamais apporté les preuves de sa sûreté. Nous ne saurions reconnaître la moindre « utilité publique » à enterrer des problèmes que l’industrie nucléaire est dans l’incapacité de résoudre en surface. Le sous- sol sera irrémédiablement pollué pour des durées dépassant les capacités d’entendement humaines.
Par notre opposition à Cigéo, nous appelons le Gouvernement à faire enfin preuve de courage et à regarder en face notre impuissance collective à gérer les déchets radioactifs.
Nous lui enjoignons à revenir sur ses arrêtés et sur ses ambitions déraisonnables de redéploiement du nucléaire.
Marie-Neige Houchard et Johan Laflotte, Co-Secrétaires Régionaux EELV Lorraine Christophe Dumont, Secrétaire Régional EELV Champagne-Ardenne Éliane Romani, Présidente du groupe écologiste à la Région Grand Est Évelyne Gareaux, référente Grand Est de CAP21 Jean-François Secondé, référent Grand Est de Génération Écologie Ghislain Wysocinski, référent Grand Est de L’Écologie au centre